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Textes 09/2023

Note : L'ensemble des textes présentés furent refusés par les instances éditoriales.

Ancre 1

Alberto Bonte - Termes

 

 

- hier disais-tu ?

nous n'étions pas des cailloux

et hier

hors de ce liquide nommé sang

le flux s'inverse

- tu dors ?

comme en général

sur le côté entre tes mains

là où l'herbe est coupante

caresses aux mots

m'indiquent l'importance de cette dépendance

quelle lâcheté d'accorder les temps

d'allégeance aux règles

fermer la porte aux possibles

pointe infinie ne serait pas destinée

et là

au fond de ta gorge

- combien de cadavre ?

lave bien l'os

reste bien sûr la route

là où toutes choses pourrissent

bien rangées dans les bornes

- abandonnes-tu ce chemin ?

non

recommencer alors

- qui m'en détournera ?

il n'y a que l'espace entre les mots

tendre jusqu'à déchirure

le silence entre les notes

l'ombre alors

- de quoi parles-tu ?

cette nuit est horrible

les vagues sans lune éventrent tout

elles vous balayent

sachez que vous n'êtes rien pour elles

même pas un jouet

mécaniques et méthodiques

l'une après l'autre

infiniment sans aucune fatigue

Mireille Boissel + Plein les doigts

 

 

 

j’en ai plein les doigts les lèvres le ventre 

 

j’étale chaque petit morceau de ta peau sur mon enveloppe pâle / 

je la fais lait et rousseur comme la naissance de tes seins de ta nuque la retenue de tes cheveux / 

je m’enroule dans tes creux tes plis tes interstices l’espace entre tes monts tes fesses tes cuisses 

 

j’en ai plein la bouche la gorge le cœur

 

je t’effleure te goûte te lèche te dévore du plat de ma langue t’ébranle à l’incise de mes dents / 

je te bouffe des yeux / 

je t’avale gorge humide corps brûlant / 

je t’aspire par mes pores dilatés mes pupilles offertes mes champs gris d’iris / 

je te mange à déraison sans disperser les miettes de mon désir d’un soupçon 

 

j’en ai plein le corps la velure la peau

 

je veux que tu tapisses mon dessus mon dedans / 

que tu m’enveloppes douce amère / 

que tu m’ensalives les épaisseurs externes internes / 

que tu excites mes papilles mon duvet rebroussé mon épiderme piqueté / 

que tu me roules dans la saignée de tes bras me fourres du bout des doigts 

 

j’en ai plein les mains les reins les nymphes

 

je te lape à outrance t’engloutis démesure pour que d’aucun espace tu n’échappes / 

je te veux nue sur moi / 

je te veux nue en moi / 

je me veux tige sous tes pistils soyeux / 

que chacun de tes pétales pubis se blottisse entre mes lèvres charnues se déploie sur ma langue râpeuse se répande dans mes moiteurs intérieures

 

à m’en rendre malade de ma gourmandise de tout ton corps le mien

Anonyme - Figuré

 

On s'est laissé là

entre.

un étage et le reste de la nuit.

figurines de cire malheureusement malléables.

à chercher un verbe et y coller un temps.

et te dire quoi au juste?

entendre ta ponctuation.

réservation inutile et dans un de tes sourires - tu sais bien que l'on ne fait que mourir.

et tourner la tête retomber dans ton livre.

ces champs des batailles.

ta main s'avance la page tourne

inspire l'air entre les mots.

quelques heures femme homme parfois tout cela sans aucune importance.

là n'est pas le problème.

un demi étage et le reste de nuit.

 

ce matin

ne pas lever la tête

ni inspirer l'air du dehors

ne rien sentir

et être là encore

ne serait-ce qu'un souvenir

encore là un instant

ne serait-ce qu'une odeur

encore rien

que cette particule de vous

glissant de vous retrouver

encore multiple

à vos côtés

à naviguer sur les sols

s'accrocher aux murs comme à nos lèvres

aux jambes inutiles

ce matin être en retard

plonger en apnée

dans cette boue d'un réel

et ne rien respirer autrement.

 

Il y a vingt cinq ans environ, j'ai connu une personne qui s'évanouissait à chaque fois qu'elle prenait une photographie. L'image captée était trop forte me disait-elle.

- Et, je vous écoute.

Long silence

Et ?

- Quoi!

Là, une série de mots assemblés, mélange d'un inventaire, d'un vocabulaire fabriqué inventé, pour exprimer son indicible.

Après ça, tout fût différent, comment demander à quelqu'un d'être dans les clous, dans ces passages bornés. Pour qui on écrit ?

 

surtout ne me dit pas

ce que la main déchire

élagage du hasard

pour un paillage

part manquante et délicate

de lire les cendres

mieux comme ça

longtemps à l'avance

et voici la braise

 

- quoi encore ?

- peux-tu arrêter de bouger tes lèvres.

Passons. Je n'aime pas beaucoup à penser que l'aventure fut pour lui qu'une sorte de lecture des sous-titres d'un long film islandais. Je n'aime pas l'idée que cela soit une machine qui m'aidera à respirer. Pas plus que la façon dont je marche depuis hier ripage léger vers la gauche.

- je t'écoute.

Hier tu as mangé quatre morceaux de chocolat, deux boîtes de pastilles à l'anis, allumé par deux fois la télévision.

- surveillance ?

- tu n'es plus comme avant.

- avant quoi ?

Demain on va faire des courses. On passera devant les magasins fermés, on roulera au pas.

- tu crois qu'on a fait le bon choix ?

Toute vérité tient par son adhérence à nos croyances. La tendance actuelle est de retourner les contradictions face à elles seules.

- il parle de quoi ton livre ?

- de nous, enfin, nous avant, avant le début.

Roberta Luccia - A tes cotés, enflammé

Un ballot d’herbe sèche dans les bras

Et posé au sol mon amie

Pris feu et sellait notre vie

A parler mal des ses liens que n'étaient que sens cachés

Mais cette fumée consignait que la distance ne comptait pas

Tout cela alimentait déjà la lumière des étoiles

Refuser cette facilité de ce vaste programme d’une éternité

J’avais oublié que nous étions inflammables

Cachés et impalpables

Suivant tes phrases

Toilés

Je t’ai vu passer

(traduit de l'italien)

 

Anonyme - sous titre

cela fait maintenant longtemps

à coups de fourches

entassés sur la place

cela n'est plus qu'une torche

portée par la dernière née

et les ombres autours

se réveillèrent

haines tenues par les enfants

enflamment la lumière

les faux-plafond

les fausses excuses

et de ces cailloux portés

nous nous dépouillons de vos explications

nous vous caillassons de vos faux rêves

nous supprimons vos règles

..

 

synonymie du verbe refuser : Repousser, rejeter, renvoyer, éloigner, s'opposer, éliminer, écarter, résister, coller, exclure, se rebeller, se révolter, récuser, nier, décliner, contester, éconduire, se défendre, répugner, débouter, ajourner, évincer, étendre, se rebiffer, répudier, remercier, recaler, rebuter, envoyer, désobéir, blackbouler, laisser pour compte, mettre en doute, regimber, retourner, s'excuser, envier, dénier, défendre, dédaigner, dire non, consigner, boycotter, bouder, transgresser




 

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Ancre 5
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